La rotation des cultures
- Arnaud
- 20 janv.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 janv.
Au mois de janvier, le jardinier et la jardinière trépignent d'impatience en attendant de pouvoir remettre les mains dans la terre. C'est le bon moment pour eux de planifier leurs cultures pour l'année à venir. Seulement voilà, il n'est pas évident de savoir où mettre tel ou tel légume dans le potager surtout si l'on ne veut pas épuiser son sol.

Au XXème siècle, la monoculture et l'agriculture intensive ont largement remplacé les techniques de rotation qui dateraient pourtant du Mésolithique. Mais avec l'essor de l'agroécologie et de la permaculture, les méthodes plus naturelles et exemptes de produits chimiques font leur retour. A l'échelle de son modeste potager, le jardinier et la jardinière amateurs eux aussi peuvent s'inspirer de ces techniques ancestrales pour créer de l'abondance.
Mais de quoi parle-t-on lorsque l'on évoque la rotation des cultures ?
Il s'agit en fait de techniques consistant à alterner d'une année sur l'autre les cultures sur une parcelle. L'objectif étant d'améliorer la fertilité de son sol, de gérer les nuisibles et autres maladies tout en maximisant la production de fruits et légumes. Notez que le terme "techniques" est au pluriel car il n'y a pas une mais plusieurs façons de procéder. Néanmoins les principes restent toujours les mêmes :
La diversification des familles de légumes
Le choix de la durée du cycle de rotation en fonction du contexte et des cultures choisies
L'alternance des cultures d'hiver et de printemps
La mise en place de jachères

Mais alors à quoi cela sert-il ?
Il y a plusieurs intérêts à procéder à une rotation de ses cultures.
La première est de préserver ou d'améliorer la fertilité de son sol. Certains légumes étant plus gourmands que d'autres, ils appauvriraient ce dernier s'ils restaient à la même place chaque année. Il faut donc alterner ce type de culture avec des plantes qui enrichiront le sol comme les Fabacées, les fameux fixateurs d'azote. De plus, les végétaux n'ont pas tous le même système racinaire. Pour certains, il va en profondeur ce qui permet de décompacter le sol alors que, pour d'autres, il est plus superficiel ce qui permet de limiter l'érosion. La capacité du sol à retenir l'eau sera également impactée positivement.
La santé de vos légumes sera aussi meilleure. En effet, si un ravageur qu'il soit animal (doryphores, pucerons...) ou cryptogamique (mildiou, oïdium, rouille...) est présent sur une culture, il vaut mieux changer celle-ci de place afin que le problème ne réapparaisse pas l'année suivante. L'utilisation de produits phytosanitaires même biologiques sera donc réduite, ce qui est à la fois bon pour la Nature et pour le porte-monnaie du jardinier.
Un autre intérêt est bien sur l'optimisation des espaces disponibles. Avec une bonne planification des cultures, le moindre morceau de terre est occupé par une culture. Et si vous avez bien suivi, comme le sol est en pleine forme, les légumes le seront aussi et par conséquent les récoltes n'en seront que meilleures.
C'est également un gain de temps car il faudra programmer l'alternance des cultures. Cette programmation permet au jardinier d'anticiper les semis (ou les achats de plants), de savoir ce qu'il faut implanter après la récolte de tel légume, etc.

Mais concrètement comment fait-on ?
D'abord il faut identifier les légumes. Pour cela il y a la version des puristes de la botanique qui les classeront en familles et puis la version plus simplifiée des amateurs de potager.
Dans la première version vous trouverez des noms un peu barbares avouons-le :
les Fabacées (Légumineuses) : pois, fève, haricot, trèfle, luzerne, lupin, phacélie...
les Brassicacées (Crucifères) : chou, moutarde, roquette, navet, radis...
les Astéracées : laitue, chicorée, topinambour, artichaut, ...
les Amaranthacées : amaranthe, blette, betterave...
les Apiacées (Ombellifères) : carotte, panais, fenouil, céleri-rave...
les Alliacées (Liliacées) ; ail, oignon, échalote, poireau, ciboulette, ciboule...
les Cucurbitacées : concombre, courgette, courge, potiron...
les Solanacées : tomate, poivron, aubergine, piment, physalis, poire-melon...
les Chénopodiacées : arroche, épinard, quinoa...
les Valérianacées : mâche, doucette...
Alors que dans la version simplifiée, le jardinier et la jardinière se contentent de définir des types de cultures en fonction de la partie consommée de la plante :
les légumes grains : blé, quinoa...
les légumes feuilles : salade, mâche, épinard, chou mais pas le chou-fleur ou le brocoli...
les légumes bulbes : ail, oignon, échalote...
les légumes racines : carotte, panais, betterave, chou-rave, céleri-rave, chervis...
les légumes fruits : tomate, aubergine, poivron, piment, melon, courgette, concombre, cucamelon...
les légumes fleurs : brocoli, romanesco, chou-fleur, artichaut...
Vous en conviendrez, l'une est plus simple à retenir que l'autre. Mais libre à vous de choisir votre préférence ! Dans tous les cas, il vous faudra lister les légumes que vous souhaitez cultiver avant de les classer. Une fois que cela est fait, plusieurs méthodes s'offrent à vous. En voici quelques unes...
Technique n°1:
Pour celle-ci, tout est basée sur une phrase mnémotechnique : "Paul Le Coiffeur FEra FRiser Rita" que nous vous illustrons ci-dessous.

Chaque case représente une parcelle de votre potager. D'une année sur l'autre, vous alternerez en décalant d'une case. Ainsi pour la première parcelle, après les pommes de terre, vous cultiverez les légumineuses et les pommes de terre iront dans la 6ème parcelle à la place des carottes.
A noter que vous pourrez tout à fait alterner les cultures sur 4 ou 5 parcelles. En effet, vous pouvez associer sur une même parcelle les crucifères et les légumes feuilles ou alors les pommes de terre et les légumineuses.
Technique n°2:
Elle consiste à faire tourner les cultures sur 5 planches selon les types de cultures définis plus haut :
Planche 1 : légumes-grains
Planche 2 : légumes-feuilles et/ou légumes-fleurs
Planche 3 : légumes-bulbes
Planche 4 : légumes-racines
Planche 5 : légumes-fruits
L'alternance se fait là aussi en décalant d'une case chaque année. La planche 1 accueillera ainsi les légumes feuilles et/ou fleurs lors de la 2e année et les légumes grains remplaceront les légumes fruits. Le jardinier et la jardinière pourront ajouter une zone pour les courges en périphérie de ces 5 planches, qu'ils amenderont généreusement chaque hiver.
Technique n°3:
Pour les amateurs de cuisine, il est possible de diviser son potager en 4 zones définies chacune par des plats gastronomiques. Une façon ludique de répartir les légumes selon Eric Charton et Brice de monjardinbio.com
Planche 1 : espace "Gros Volumes" ou "plats copieux" (légumes-grains, pommes de terre, patates douces...)
Planche 2 : espace Potée" (légumes-racines, feuilles et fleurs)
Planche 3 : espace "Ratatouille" (légumes fruits et bulbes en bordures)
Planche 4 : espace "Soupe de courges" (légumes-fruits)
Les salades, radis, blettes, betteraves et aromatiques serviront de bouche-trous dans les espaces disponibles lors de ces cultures.
Technique n°4:
Et si le jardinier et la jardinière se contentaient d'associer les cultures sur une même zone? C'est tout à fait possible. Néanmoins, le "compagnonnage" comme on l'appelle aussi n'aura pas les mêmes bénéfices que la rotation des cultures. Que ce soit en terme de santé du sol que de protection contre les maladies. Par ailleurs, cette technique demandera d'amender de façon conséquente vos parcelles afin que le sol ne s'appauvrisse pas.

Bien entendu il existe encore une multitude d'autres techniques que nous n'allons pas détailler ici. Mais s'il y a bien quelque chose à retenir sur la rotation des cultures, c'est que peu importe le modèle que vous choisirez, optez pour celui qui vous semble le plus adapté à votre potager, à vos envies... Bref celui qui vous parle le plus et que vous saurez vous approprier. Car ne l'oublions pas, le jardinage doit rester un plaisir !
Et si vraiment vous ne vous en sortez pas, n'hésitez pas à nous contacter pour un cours de conception.
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